Le Parlement adopte plusieurs durcissements
en matière d’asile avec effet immédiat

Mise à jour

Lancé le 10 octobre 2012 par les Jeunes Verts et soutenu par diverses organisations, le référendum contre les mesures urgentes a formellement abouti, avec plus de 63’000 signatures récoltées. Le peuple, amené à se prononcer sur ces mesures lors des votations du 9 juin 2013, les a acceptées. Pour plus d’informations, voir la rubrique spéciale « Révision de la Loi sur l’asile »

Le 28 septembre 2012, les deux chambres du Parlement fédéral ont adopté de manière urgente un certain nombre de durcissements dans le domaine de l’asile (projet 3). Par le biais de la procédure d’urgence, ces mesures sont d’ores et déjà en force.

Il s’agit notamment de la suppression de la procédure d’asile en ambassade, de l’abandon de la désertion et du refus de servir comme motif d’asile, de la possibilité de placer des demandeurs d’asile dits « récalcitrants » dans des centres spéciaux et de l’autorisation donnée au Conseil fédéral de s’écarter des lois en vigueur afin de procéder à des « tests » dans le traitement des demandes d’asile pendant une période allant jusqu’à deux ans. Cette dernière disposition permettra en particulier de réduire à 10 jours (au lieu de 30 jours à l’heure actuelle) le délai de recours dans certains cas.

Ces mesures auront un impact certain sur l’examen des demandes d’asile futures. À titre d’exemple, voir les cas de :

« Lidi » – déserteuse érythréenne qui a pu bénéficier de la protection de la Suisse après les sévices subies au sein de l’armée de son pays.

« Enrique » – qui a été persécuté, arrêté et torturé par l’armée, avant d’obtenir l’asile dans notre pays à travers l’ambassade suisse de Bogota.

« Jabari » – pour qui le délai de recours de 30 jours était indispensable pour réunir les preuves nécessaires à l’obtention de l’asile suite aux tortures et persécutions subies dans son pays, la Somalie.

Un deuxième volet de la révision de la Loi sur l’asile (projet 1) doit encore faire l’objet d’un vote final lors de la session parlementaire de décembre 2012. À ce sujet un certain nombre de divergences entre les deux chambres subsistent. Par la suite, un troisième volet de la révision (projet 2) devra voir le jour dans le but d’accélérer la procédure d’asile.

Sources : Communiqué de l’OSAR, 28 septembre 2012; Communiqué des organisations de terrain, 1er octobre 2012; Parlement : 10.052 – Objet du Conseil fédéral. Loi sur l’asile. Modification

Cas relatifs

Cas individuel — 15/07/2025

La Suisse reproche à deux enfants seuls de ne pas avoir franchi une frontière pour déposer leur demande de regroupement familial dans les délais

Esther* arrive en Suisse en 2012, à l’âge de 17 ans et demi, et obtient une admission provisoire (permis F). En partant, elle a été contrainte de laisser ses deux fils en Somalie. Elle obtient un permis B par mariage en 2015. Un délai de cinq ans s’ouvre alors pour demander un regroupement familial en faveur de ses fils, mais ceux-ci n’ont pas le droit de se rendre seuls au Kenya, où se trouve la seule ambassade suisse habilitée à enregistrer la demande. Ce n’est qu’en 2024, lorsque leur tutrice décide de déménager au Kenya et de les emmener avec elle, qu’ils peuvent alors déposer officiellement la demande. Les autorités cantonales rendent un préavis négatif au motif que la demande est tardive. Esther* fait alors valoir l’existence de raisons personnelles majeures – ses enfants allant bientôt être livrés à eux-mêmes - justifiant un regroupement familial tardif. La demande est toujours en cours.
Cas individuel — 25/07/2018

Son récit est qualifié d’invraisemblable malgré plusieurs éléments de preuve

« Yared » demande l’asile en Suisse après avoir quitté l’Ethiopie, où il a été détenu et maltraité en tant qu’opposant politique. Il présente une convocation officielle des autorités éthiopiennes et un rapport médical rédigé par un service spécialisé attestant de son état de santé et corroborant ses dires. Cependant, le SEM puis le TAF considèrent que ses déclarations sont invraisemblables et prononcent son renvoi de Suisse.