La France renonce à un transfert Dublin vers la Hongrie

Par ordonnance du 29 août 2013, le Conseil d’État français a annulé le refus d’un préfet d’admettre la demande d’asile d’une famille kosovare ayant déjà déposé une première demande en Hongrie. Faisant usage de sa clause de souveraineté (art. 3 § 2 du règlement Dublin II), la France a interdit le renvoi Dublin en Hongrie estimant qu’en raison de la manière dont la famille avait été traitée il y avait de fortes chances que la demande d’asile ne soit pas examinée correctement. Cette prise de position fait écho à l’obligation, formulée par la Cour européenne des droits de l’homme, pour chaque État qui décide de renvoyer un demandeur d’asile, de s’assurer que celui-ci n’encourt pas un traitement inhumain ou dégradant dans l’État de destination, même s’il s’agit d’un membre de l’Union européenne.

Cette décision du Conseil d’État intervient après la modification le 1er juillet 2013 de la législation en matière d’asile en Hongrie. Comme le rapporte le Comité Helsinki hongrois, une organisation non gouvernementale de défense des droits humains en Hongrie, ces modifications viennent restreindre les droits des demandeurs d’asile et mettent en péril le respect du droit communautaire et du droit international des droits de l’Homme. En effet, les motifs de détention des demandeurs d’asile sont désormais plus étendus et accordent une trop grande place à l’interprétation. Les possibilités de faire appel dans une procédure d’asile ont également été fortement réduites puisque le délai est passé de 15 à 8 jours.

En l’espèce, le couple et leurs deux enfants ont déclaré avoir «été interpellés dès la frontière hongroise et avoir été placés dans un centre de détention dans des conditions déplorables, traités comme des délinquants et avoir été victimes, pour les femmes, de fouilles à nu. Des rapports psychologique et psychiatrique réalisés en France faisaient état des séquelles résultant de cet internement, et notamment d’un symptôme de stress post-traumatique pour l’un des enfants ».

Cette décision, bien que limitée à un cas individuel, annonce peut-être une remise en question de la conformité des renvois Dublin vers la Hongrie avec les droits fondamentaux. En 2012, la Suisse a effectué 49 transferts vers ce pays.

Sources: Protection en trompe l’œil des demandeurs d’asile contre leur réadmission en Hongrie, ordonnance du Conseil d’État du 29 août 2013, rapport du Comité Helsinki hongrois sur les changements législatifs du 1er juillet 2013.

Cas relatifs

Cas individuel — 17/12/2025

Régularisation refusée après 9 ans de vie en Suisse, à cause d’un séjour de cinq mois en Autriche

Saif*, ressortissant irakien, demande l’asile en Suisse en 2016. Après un refus, il se rend en Autriche où il sollicite également l’asile. Renvoyé en Suisse en 2017 en vertu du règlement Dublin, il survit à l’aide d’urgence. En 2024, il demande la régularisation de son statut auprès de l’Office cantonal de la population qui refuse, au motif que son lieu de séjour n’était pas connu entre octobre 2016 et mars 2017. En mai 2025, après 9 ans d’aide d’urgence, l’état psychique de Saif* se détériore et il suit un traitement médical. Avec l’aide d’une mandataire, il dépose une nouvelle demande de réexamen sur la base de l’art. 83 al. 4 LEI. Le SEM rejette cette demande, estimant que l’accès aux soins est possible en Irak.
Cas individuel — 13/05/2013

Le TAF confirme le transfert en Italie de « Saba »
malgré les viols qu’elle y a subis

« Saba » dépose une demande d’asile en Suisse en mai 2012 et reçoit une décision de transfert en Italie, où elle a passé les trois dernières années (système Dublin). Recourant contre cette décision, elle invoque les conditions de vie déplorables et les trois viols subis en Italie. Pourtant, le TAF rejette le recours et considère que son renvoi peut être exécuté.