Induit en erreur, un Béninois quitte « volontairement » la Suisse et se voit empêché de revenir

Une correspondante du canton de Genève nous a fait part d’une situation incongrue concernant un de ses mandants, d’origine béninoise. En septembre 2014, ce père de famille s’est vu remettre par l’OCPM une attestation de domicile sur laquelle il était indiqué, par écrit, qu’en juillet 2014 la Chambre administrative de la Cour de justice avait confirmé la décision de renvoi prononcée par ce même office en janvier 2013. Désemparé et las d’une procédure qu’il ne voit pas aboutir, il signe, sur place, un document dans lequel il déclare quitter le pays volontairement, ce qu’il fait effectivement à la fin du mois.

Informée par l’épouse une fois que Monsieur se trouvait déjà au Bénin, la mandataire interpelle les autorités car en réalité l’arrêt en question l’autorisait à demeurer en Suisse auprès de sa famille. En réponse, l’OCPM informe la mandataire que comme Monsieur était rentré dans son pays « volontairement », aucune autorisation de séjour ne pouvait plus lui être remise, ceci « malgré l’arrêt de la Chambre administrative de la Cour de justice ». Cet arrêt venait en réalité en confirmer un autre, rendu en juin 2013 par le Tribunal administratif de première instance, concluant déjà à l’octroi d’une autorisation de séjour au nom du respect de la vie familiale.

Ce n’est qu’après un deuxième courrier de la mandataire que l’OCPM se décide enfin, en janvier 2015, à soumettre une demande d’autorisation de séjour au titre du regroupement familial au Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) à Berne. Ce Monsieur, qui aurait eu normalement le droit de rester à Genève en attendant la fin de la procédure, devra, une fois que le SEM aura donné son aval, déposer une demande d’entrée auprès de la représentation diplomatique suisse compétente pour rejoindre sa famille en Suisse. En attendant, et depuis près de six mois déjà, ses deux enfants doivent grandir sans leur père.

Cas relatifs

Cas individuel — 10/09/2024

Un couple avec enfant doit se battre pour se voir reconnaître son droit au mariage et au regroupement familial

Kayden* est originaire d’Angola et arrive en Suisse à l’âge de 5 ans. Jusqu’en 2015, il bénéficie d’un permis B, qu’il perd en 2016 suite à plusieurs infractions pénales. Kayden* a un fils né en 2014. Il se met en ménage avec Valérie, ressortissante suisse. En 2021, Valérie* est enceinte et le couple fait une demande d’autorisation de séjour pour Kayden* en vue de leur mariage, mais le Service de la population du canton de Fribourg (SPoMI) refuse la demande et prononce le renvoi de Suisse. La décision est motivée par le fait que Kayden* a transgressé à plusieurs reprises la loi, que son intégration économique serait un échec et que sa relation avec son fils se limiterait à l’exercice d’un droit de visite. Kayden* dépose un recours contre cette décision au près du Tribunal cantonal (TC). Le couple devra attendre jusqu’en octobre 2022 pour que le TC admette le recours de Kayden*. Le TC reconnait que rien ne permet de douter des intentions matrimoniales des fiancé·es et qu’un renvoi en Angola priverait les enfants du lien avec leur père. Il considère en outre qu’il serait disproportionné d’exiger le retour du recourant en Angola, pays qu’il a quitté à l’âge de cinq ans et qu’il ne connait pas, pour revenir en Suisse une fois le mariage conclu. Le TC annule donc la décision du SPoMI et l’invite à délivrer à Kayden* une autorisation de séjour en vue du mariage.
Cas individuel — 01/01/2024

Harcelée en Croatie, une famille est menacée d’y être renvoyée

En 2019, Romina* et Khaleel* quittent l’Afghanistan avec leur fille (Emna*), encore mineure et leurs trois fils majeurs. Ils demandent l’asile en Suisse en octobre 2020, après être passé∙es par la Croatie. La famille raconte avoir tenté de passer la frontière entre la Bosnie et la Croatie à plus de 15 reprises, avoir été arrêté∙es par les autorités croates puis maltraité·es, volé·es, déshabillé·es et frappé·es. En février 2020, le SEM rend une décision NEM Dublin. Le mandataire d’Ehsan* et Noura* dépose un recours au TAF contre la décision du SEM. En avril 2021, le SEM annule sa décision de NEM Dublin pour le second fils et sa famille, qui reçoivent une admission provisoire. En juillet 2021, le TAF prononce les arrêts qui rejettent respectivement les recours de Moussa*, de Ehsan* et Noura* et de Romina* et Khaleel*.
Cas individuel — 27/05/2016

Un père arraché à son épouse enceinte et ses enfants

« Awat » habitait à Genève avec son épouse « Mariame » enceinte de trois mois, et leurs deux filles, « Melete » et « Awatif ». Enfin réunie après un long périple et un exil forcé, cette famille se voit à nouveau séparée, cette fois par les autorités suisses : le père est renvoyé en Italie. Le Tribunal ne retient ni son droit à la vie familiale, ni l’intérêt supérieur de ses enfants à grandir auprès de leur père.
Cas individuel — 24/08/2009

Après avoir travaillé 18 ans en Suisse, il risque l’expulsion

Après 18 ans passés en Suisse, à bâtir routes, immeubles et maisons, "Alkan", travailleur sans-papiers, voit son renvoi prononcé par les autorités suisses.