Dysfonctionnements dans la gestion privée d’un foyer
pour requérants à Fribourg

Le CCSI-SOS Racisme de Fribourg nous informe que plusieurs requérants d’asile déboutés ont remis une lettre ouverte au Service de l’Action sociale (SASoc) du Canton de Fribourg le 20 septembre dernier. Dans cette lettre, ils dénoncent leurs conditions de vie précaires imposées par le régime de l’aide d’urgence, mais surtout la gestion de cette aide par la société ORS SA. Cette lettre fait suite à un incident survenu dans le foyer de la Poya à Fribourg – géré par cette même entreprise – quelques jours plus tôt :

Le 16 septembre, un requérant d’asile débouté est retrouvé dans son dortoir, alors qu’il n’aurait pas dû s’y trouver puisque les dortoirs sont fermés durant la journée. Les responsables du foyer concluent donc, sans preuve, qu’une clé passe-partout a été volée et punissent tous les résidents du centre : ils refusent de leur verser leur aide d’urgence quotidienne jusqu’à ce que la clé manquante soit de retour. Après avoir protesté de manière pacifique, les résidents obtiennent gain de cause et on leur verse l’aide qui leur est due le jour même. L’homme retrouvé dans son dortoir est, lui, exclu du foyer et privé d’aide d’urgence durant 5 jours. Il se retrouve à la rue sans endroit où dormir, sans argent et sans vêtements de rechange.

Cette décision a été prise par les employés d’ORS SA, société privée mandatée par le Canton de Fribourg pour l’accueil, l’encadrement et l’hébergement des requérants d’asile et des déboutés. L’Etat, par le biais du SASoc, a ensuite confirmé cette décision.

Le SASoc a par ailleurs pris note des réclamations des requérants déboutés qui demandent entre autres un arrêt des punitions collectives, le libre-accès au dortoir durant la journée et des mesures contre un surveillant employé par la société ORS SA qui aurait un comportement méprisant à leur égard.
L’Etat fribourgeois, bien qu’ayant mandaté une société privée, reste responsable des requérants d’asile et déboutés présents dans le canton et devrait donc prendre les mesures nécessaires pour assurer un encadrement adéquat et le respect de la dignité de toute personne hébergée dans de tels centres.

Sources:
Communiqué de presse du CCSI-SOS Racisme Fribourg
lettre ouverte des requérants d’asile déboutés

Cas relatifs

Cas individuel — 13/02/2024

Décès d’un jeune demandeur d’asile: la responsabilité directe des autorités suisses

Cas 459 / 13.02.2024 Alam* arrive en Suisse à 17 ans et demande l’asile après avoir vécu des violences en Grèce où il a reçu protection. Les autorités suisses prononcent une non-entrée en matière et son renvoi, malgré des rapports médicaux attestant de la vulnérabilité d’Alam*. Celui-ci met fin à ses jours à la suite du rejet de son recours par le TAF.
Cas individuel — 22/12/2022

Débouté à deux reprises malgré des agressions homophobes attestées en Ukraine

Témoignage – Emir* quitte l’Ukraine en 2020 suite à des persécutions liées à son orientation sexuelle. En Suisse, sa demande d’asile est refusée par le SEM et son recours rejeté par le TAF. Il repart en Ukraine, où il subit de nouvelles violences. Revenu en Suisse, sa demande d’asile essuie le même refus des autorités.
Cas individuel — 24/08/2009

L’argent d’un requérant d’asile peut être confisqué

Un requérant d’asile doit toujours pouvoir prouver la provenance de l’argent qu’il a sur lui. Pour n’avoir pas pu le faire, « Aristide » s’est fait confisquer la somme qu’on lui avait prêtée. Saisi d’un recours, le TAF confirme la légalité de cette saisie.
Cas individuel — 24/08/2009

Une amende salée pour un requérant indigent

Un demandeur d’asile se fait contrôler par la police près de la frontière avec la France. Il reçoit cinq mois plus tard une amende d’un montant de 360 francs suisses, un montant difficilement payable pour un demandeur d’asile qui vit de l’aide sociale.