De Melilla à l’Euro 2024: le parcours d’une famille réfugiée qui fait gagner l’Espagne

Europe, 2024 – Le but marqué par Nico Williams lors du match opposant l’Espagne à la Géorgie dans le cadre de l’Euro 2024, a rappelé que les personnes issues de l’asile ont un rôle à jouer, y compris dans le domaine du sport. Et quand c’est pour leur propre profit, les pays européens n’y trouvent rien à redire.

En 1993, les parents de Nico et Iñaki Williams, tous deux joueurs de l’Athletic Bilbao, traversent le Sahara après avoir fui le Ghana. Un parcours migratoire durant lequel le couple risque la mort à plusieurs reprises, comme c’est le cas de tant d’autres personnes en exil. Leur mère est enceinte de l’aîné des deux joueurs lorsqu’elle doit sauter le mur de l’enclave espagnole de Mellila, au nord du Maroc. À son arrivée, le couple est emprisonné, puis parvient à obtenir l’asile.

Après ces années de lutte pour pouvoir vivre dignement en Espagne, la célébration, le 30 juin 2024, du plus jeune des frères Williams par tout le pays revêt une forte dimension symbolique.

Alors que l’Europe dresse des murs pour bloquer l’accès à son territoire (voir notre brève), on peut se demander combien d’autres étoiles du football se trouvaient parmi les trop nombreuses vies perdues en Méditerranée et sur les routes terrestres de l’exil. Alors que les révisions des lois sur l’asile et l’immigration proposées en France, en Suisse (voir notre brève) et ailleurs en Europe facilitent avant tout les renvois et l’enfermement au mépris de la santé et des droits des personnes, cette histoire familiale rappelle crument que, lorsqu’il s’agit de tirer profit des personnes migrantes, les pays du Nord global ne sont pas en reste.

Source: le Temps, «Les frères Williams, récit d’une adoption basque», 16.01.2022.

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