Projet - Érythrée

Durcissements à l’encontre des Érythréen·ne·s

Une communauté sous pression

Depuis le printemps 2018, l’ODAE romand suit de près la situation des requérant∙e∙s d’asile érythréen∙ne∙s. Beaucoup de ces personnes se retrouvent avec une décision de renvoi, après que le Tribunal administratif fédéral (TAF) a confirmé la pratique du Secrétariat d’État aux Migrations (SEM) amorcée en 2016, et que les autorités ont annoncé, en 2018, le réexamen des admissions provisoires de quelque 3’200 personnes.

Rien ne montre que la situation ait changé en Érythrée. La censure et les violations massives des droits humains persistent, comme l’observe le Comité des droits de l’Homme des Nations Unies. Pourtant, cédant aux pressions politiques – un grand nombre d’interpellations au Parlement fédéral visent cette communauté –, la Suisse appréhende toujours plus strictement la situation juridique des requérant∙e∙s d’asile provenant d’Érythrée. L’appréciation des motifs d’asile évoqués par les requérant∙e∙s est toujours plus exigeante. Or, sur le terrain, l’ODAE romand constate les difficultés des requérant∙e∙s d’asile à remplir ces exigences de vraisemblance : départ à un âge très jeune, traumatismes liés à la route de l’exil, paranoïa et méfiance vis-à-vis de l’autorité, méconnaissance de ses droits et du déroulement d’une procédure administrative, temps écoulé entre les faits et le moment des auditions sur les motifs d’asile, etc.

Certaines requêtes décisives sont pendantes devant le Comité de l’ONU contre la torture. En attendant, un grand nombre de requérant·e·s d’asile érythréen·ne·s se retrouvent  débouté·e·s. Beaucoup des personnes concernées, souvent jeunes, restent durablement en Suisse, parce que très peu retournent en Érythrée sur une base volontaire, de peur d’y être persécutées, et qu’il n’y a pas d’accord de réadmission avec l’Érythrée. Au moment de la décision fatidique, elles perdent leur droit d’exercer leur métier ou de se former et se retrouvent à l’aide d’urgence. C’est donc à la constitution d’un groupe toujours plus important de jeunes personnes, exclues mais non renvoyables, que l’on assiste en Suisse.

Impacts

swissinfo.ch, Bloqués en Suisse, 7 mars 2019

L’Illustré, Azeb, visage de la peur des Érythréens de Suisse, 5 décembre 2018

Le Courrier, Atteintes généralisées au droit d’asile, 30 novembre 2018

Asile.ch, Durcissement à l’encontre des Érythréen·ne·s : une communauté sous pression, reprise du communiqué de l’ODAE romand, 29.11.2018 (repris sur les sites de Bernex accueil, de la cooordination asile.ge, de l’OSAR, de Droit de rester et de Mediarezo)

24Heures, Le Matin, La Tribune de Genève et 20 Minutes : « Augmentation injustifiée des décisions de renvoi », reprise de la dépêche ATS, 29.11.2018

RTS radio (La 1ère), Le Journal de 6h30 (2’40), interview de la coordinatrice de l’ODAE romand, Mélissa Llorens, sur la levée des admissions provisoires d’une vingtaine d’Erythréens, 4 septembre 2018

RTS radio (La 1ère), La Matinale (4’00), Le réexamen du statut de requérants érythréens porté devant le Comité de l’ONU contre la torture, interview de la coordinatrice de l’ODAE romand, Mélissa Llorens, 26 juin 2018

Deux ans après sa première publication sur la question, l’ODAE romand sort un second rapport. Celui-ci offre une synthèse des constats présentés en 2018, accompagnée d’une actualisation de la situation. Dans ce rapport, l’ODAE romand commente l’augmentation des rejets de l’asile et les levées d’admission provisoire entraînant un renvoi qui ne sera pas exécuté, puisque le régime érythréen n’accepte aucun renvoi forcé vers son territoire. Le problème reste en Suisse: cette politique de non-asile mène à l’exclusion durable d’une population jeune dont nombre d’individus étaient en train de se former et de s’intégrer au moment de recevoir un refus.

Dans ce rapport, l’ODAE romand a analysé les changements de pratique et a récolté des informations et des témoignages auprès de ces réfugié∙e∙s et des personnes qui les accompagnent. En se fondant sur des cas concrets, il met en lumière les conséquences humaines de ces durcissements. Pour la première fois, l’ODAE romand s’intéresse au sort d’un groupe en particulier, mais ses conclusions ne concernent pas seulement cette communauté et montrent qu’il y a lieu de s’inquiéter pour le droit d’asile au sens large.