Une famille réunie après 20 mois d’éloignement

Suisse, 01.06.2021 – Nos correspondant·es nous ont rapporté le calvaire d’une famille séparée durant des mois. La mère de la famille N., originaire d’Afghanistan, est arrivée en Suisse en automne 2019. Déclarée NEM Dublin vers l’Allemagne, elle doit lutter de longs mois afin de ne pas être renvoyée (sa mère réside en Suisse avec un permis), aidée par plusieurs associations de défense des droits des migrant·es. Pendant ce temps, son mari et ses trois enfants, âgé·es de 5, 8 et 11 ans, sont bloqués sur l’île de Lesbos, en Grèce, dans le camp de Moria, avec des conditions de vie catastrophiques. Une avocate grecque, engagée par une association en Suisse, parvient à obtenir le transfert de la famille vers Athènes en août 2020.

Dès la fin de la procédure Dublin de Madame N., en octobre 2020, une demande de réunification familiale est déposée. En janvier 2021, la demande est acceptée par la Grèce comme par la Suisse. Le 20 mai 2021, Monsieur N. et les 3 enfants arrivent sur le sol suisse. La famille est finalement réunie, 1 an et 8 mois après leur séparation.

D’après des personnes proches de la famille, ces longs mois d’attente et d’incertitudes ont beaucoup affaiblis psychologiquement la famille et il leur faudra du temps pour retrouver une stabilité. Ces personnes ont dû échanger à plusieurs reprises avec le SEM afin d’obtenir une accélération des procédures administratives (par exemple, en n’imposant pas aux enfants une quarantaine liée au COVID-19 loin de leur mère). Il convient de se demander si un traitement plus humain de la famille n’aurait pas été possible, afin de réduire cette attente.

Voir également: ODAE romand, «Réunification familiale depuis la Grèce: le SEM fait preuve d’une rigidité excessive au détriment de l’intérêt supérieur de l’enfant», cas individuel du 09.09.2020 ; ODAE romand, «A 15 ans, il est bloqué en Grèce pendant 10 mois avant de pouvoir rejoindre sa mère en Suisse», cas individuel du 20.07.20 ; Asile.ch, «Grèce-Suisse | Des regroupements familiaux qui traînent en longueur», 16.04.2020.

Cas relatifs

Cas individuel — 13/02/2024

Décès d’un jeune demandeur d’asile: la responsabilité directe des autorités suisses

Cas 459 / 13.02.2024 Alam* arrive en Suisse à 17 ans et demande l’asile après avoir vécu des violences en Grèce où il a reçu protection. Les autorités suisses prononcent une non-entrée en matière et son renvoi, malgré des rapports médicaux attestant de la vulnérabilité d’Alam*. Celui-ci met fin à ses jours à la suite du rejet de son recours par le TAF.
Cas individuel — 02/06/2023

Ambassade de Suisse au Pakistan – le regroupement d’une famille retardé par des allers-retours dangereux et inutiles

Pour que leur demande de regroupement familial soit examinée, les autorités suisses demandent à Nadia* et ses quatre enfants, ressortissants afghans, de se rendre à l'ambassade suisse au Pakistan. Malgré les dangers encourus, la famille devra faire plusieurs allers-retours entre l'Afghanistan et le Pakistan.
Cas individuel — 18/03/2014

Après 4 ans en Suisse l’ODM veut les renvoyer en Pologne

Gravement menacés en Géorgie, « David » et « Liana » cherchent refuge en Suisse avec leur enfant, après avoir séjourné en Pologne. L’ODM prononce une décision de transfert « Dublin » vers ce pays, confirmée 4 ans après par le Tribunal administratif fédéral en dépit de la naissance d’un deuxième enfant et des troubles psychiques de « David » et de l’aîné.
Cas individuel — 23/04/2013

L'ODM renonce au transfert en France d'une adolescente victime de prostitution

« Ayala », ressortissante d’un pays d’Afrique de l’Ouest âgée de 15 ans, est victime d’un réseau de prostitution à son arrivée en France en 2010. Parvenant à s’enfuir, elle dépose une demande d’asile en Suisse. L’ODM, qui rend une première décision de NEM, décide finalement de renoncer au transfert et entame une procédure nationale.