Suite – et fin ? – de la question de la santé des requérants d’asile dans le canton de Vaud

Lors d’une récente brève, l’Observatoire relayait l’inquiétude de plusieurs députés vaudois à l’égard de la santé des requérants d’asile dans le canton de Vaud. Ces préoccupations s’étaient notamment matérialisées par le dépôt d’un postulat qui fut ensuite retiré afin que la Commission thématique de santé publique du Grand Conseil vaudois dépose elle-même un autre postulat. Pour rappel, ce dernier, plus consensuel et adopté à l’unanimité par tous les membres de cette Commission de toute appartenance politique, proposait de demander au Conseil d’État de « rédiger un rapport permettant de faire le point sur la prise en charge socio-médicale des requérants d’asile hébergés dans le cadre de la mission de l’EVAM, ainsi que sur les moyens à mettre en œuvre pour leur garantir l’accès aux soins physiques et psychiques ».

Le 10 décembre dernier, le Parlement vaudois a été amené à se prononcer à ce sujet. Malgré le constat pour le moins alarmant des trois spécialistes médicaux auditionnées par la Commission (voir le rapport), les députés ont rejeté le postulat par 53 non, 52 oui et 8 abstentions. Selon un article du Courrier, « au plénum, le Conseiller d’Etat Philippe Leuba a estimé que le canton faisait suffisamment d’efforts pour l’asile, avec un budget de 130 millions par année. Il a rappelé que l’Etablissement vaudois des migrants (EVAM), surchargé, n’arrivait pas à prendre en compte tous les facteurs médicaux ».

Les députés auraient-ils finalement renoncé devant le manque d’ouverture du Conseil d’État ou face au constat qu’une meilleure prise en charge médicale requiert probablement des moyens financiers supplémentaires ?

Sources:

 Postulat Catherine Roulet au nom de la Commission thématique de la santé publique – Prise en charge socio-médicale des requérants d’asile, 18 novembre 2014.

 Ordre du jour du Grand conseil vaudois, 10 décembre 2014.

 Le Courrier, « Quand l’asile nuit à la santé mentale« , 11 décembre 2014.

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