L’ONU s’inquiète des conditions d’accueil des enfants migrants en Suisse

Le 4 février 2015, le Comité des droits de l’enfant des Nations Unies a adressé à la Suisse une série de recommandations à l’issue de l’examen du respect de la Convention relative aux droits de l’enfant dans le pays. Une partie de ces recommandations concerne spécifiquement les droits des enfants migrants, en particulier dans les domaines de l’asile, du regroupement familial et de l’accès à l’apprentissage indépendamment de leur statut.

À propos des enfants en procédure d’asile, le Comité s’est dit préoccupé par les disparités cantonales notamment en matière d’hébergement et d’accès à la formation post-obligatoire, et appelle dès lors à ce que des conditions d’accueil minimales soient de mise partout et qu’aucune discrimination ne leur soit faite dans le domaine de l’accès à l’apprentissage. Au sujet des mineurs non accompagnés, les experts onusiens s’inquiètent du fait que les cantons puissent parfois désigner des personnes de confiance dépourvues de toute expérience dans le domaine de l’enfance et recommandent que celles-ci soient dûment formées. Par ailleurs, le Comité demande à ce que des garde-fous soient mis en place afin que l’intérêt supérieur des mineurs soit garanti en tout temps dans la procédure d’asile, et qu’ils soient exemptés de la procédure accélérée.

En matière de regroupement familial, le Comité appelle à ce que les conditions restrictives imposées aux personnes au bénéfice d’une admission provisoire (permis F) soient levées.

Enfin, au sujet des enfants sans-papiers, l’organe onusien recommande à la Suisse de développer des politiques et programmes pour lutter contre l’exclusion sociale et la discrimination à leur égard, notamment en matière d’accès aux soins médicaux et à l’apprentissage.

Source : CRC, Concluding Observations on the combined second to fourth periodic reports of Switzerland, 4 février 2015 (en particulier para. 68-69).

Cas relatifs

Cas individuel — 04/12/2025

Le TF déboute le SEM et le TAF pour avoir arbitrairement changé la date de naissance d’un requérant mineur non accompagné

Ismail* arrive seul en Suisse en septembre 2023, à l’âge de 16 ans. Lorsqu’il dépose sa demande d’asile, il indique être né le 8 avril 2007 et fournit deux documents corroborant ses dires. Malgré la reconnaissance de la minorité d’Ismail* par l’Italie, pays par lequel il a transité, le SEM modifie sa date de naissance après l’avoir interrogé sur ses données personnelles lors d’une première audition mais sans réaliser d’expertise médico-légale. Saisi par recours, le TAF confirme la décision du SEM, bien qu’il admette que le choix de la date a pour seul but de rendre Ismail* majeur. Ce dernier dépose alors un recours au TF qui lui donne finalement raison, estimant qu’aucun élément ne permet de remettre en question ses propos et que s’il avait un doute sur son âge, le SEM aurait dû procéder à une expertise médico-légale.
Cas individuel — 03/07/2013

Après 20 ans en Suisse, « Houria » se voit réattribuer un statut précaire

« Houria » et sa fille mineure voient leur permis B remplacé, après dix années, par une admission provisoire. Le Tribunal cantonal vaudois, qui reconnaît les efforts d’« Houria » pour trouver un emploi, estime néanmoins que sa détresse psychologique et l’incapacité totale de travailler qui en résulte ne justifient pas sa dépendance à l’aide sociale.
Cas individuel — 02/10/2012

Renvoi d’une victime de violences conjugales
et de sa fille scolarisée depuis 9 ans en Suisse

Au bénéfice d’un permis B par mariage, « Carmen » fait venir en 2003 sa fille « Vanessa », alors âgée de 6 ans. 9 ans plus tard, suite au deuxième divorce de « Carmen » dû à des violences conjugales, les autorités cantonales décident de les renvoyer, au mépris de l’intérêt supérieur de l’adolescente et des violences subies par sa mère.