La vie en foyer d’une enfant requérante

Une correspondante du canton de Genève nous a fait part du récit d’une année de la vie de W., enfant érythréenne résidant au foyer des Tattes (Vernier). La période printemps-été 2014 a été marquée par le passage de W. en 5ème Primaire, la naissance de sa petite sœur et l’octroi d’une admission provisoire à la petite famille composée par W., sa mère et le bébé. Mais la vie quotidienne à trois dans une seule pièce infestée de punaises rend les efforts scolaires de W. et son développement en tant qu’enfant particulièrement difficiles.

Plusieurs centaines de requérants d’asile aux statuts divers vivent aux Tattes – personnes en procédure d’asile fraîchement arrivées ou non, personnes déboutées ou au contraire au bénéfice d’une forme de protection… C’est là qu’est survenu le 17 novembre 2014 le tragique incendie ayant laissé un mort, des blessés graves et plusieurs habitants traumatisés (voir notre brève du 19.11.14).

Le témoignage que nous relayons aujourd’hui est basé en large partie sur les observations de la tutrice de W. de l’association Reliance (cf. Françoise Joliat, Reliance. Tisser des liens entre les enfants, la famille et l’école).

Cas relatifs

Cas individuel — 12/02/2025

Alors que la Suède avait reconnu sa minorité, la Suisse change sa date de naissance et prononce son renvoi

Adil*, originaire d’Afghanistan, demande l’asile en Suède en 2000. La Suède examine son âge et reconnait sa minorité, cependant elle rejette sa demande d’asile. Adil* se rend alors en Suisse, et réitère sa demande de protection. Mais le SEM lui attribue une nouvelle date de naissance, qui le rend majeur, et prononce son renvoi vers la Suède au nom du règlement Dublin III. Adil* dépose un recours auprès du TAF contre cette décision, mais celui-ci est rejetée. Adil* et son mandataire déposent alors un nouveau recours, auprès du Comité des droits de l’enfant (CDE). En mai 2024, celui-ci rend sa décision : il estime que la Suisse a violé l’intérêt supérieur d’Adil* (art. 3 de la Convention) et son droit d’être entendu (art. 12) en le déclarant majeur. Il reproche à la Suisse d’avoir ignoré l’expertise de détermination de l’âge réalisée en Suède et de n’avoir pas procédé à une évaluation complète de son développement physique et psychologique.
Cas individuel — 15/03/2012

Pas de permis pour une ado victime
d’abus sexuels dans son pays d’origine

À 8 ans, « Renata » rejoint sa mère en Suisse après avoir été victime de violences sexuelles dans son pays d’origine. Malgré un préavis favorable du canton, une bonne intégration et l’avis de spécialistes défavorables au renvoi, l’ODM refuse l’octroi d’un permis B humanitaire.
Cas individuel — 20/12/2011

Une rescapée de Srebrenica est renvoyée
malgré de graves problèmes psychiques

« Halida », rescapée du massacre de Srebrenica, demande l’asile en Suisse en 2000 alors qu'elle a à peine 18 ans. 11 ans plus tard, malgré ses troubles psychiques et la naissance d'un bébé, l’ODM puis le TAF vont prononcer son renvoi (et celui de son nouveau-né) vers la Bosnie. Elle n'y a pourtant quasiment plus de repères ni de réseau familial ou social.