La vie en foyer d’une enfant requérante

Une correspondante du canton de Genève nous a fait part du récit d’une année de la vie de W., enfant érythréenne résidant au foyer des Tattes (Vernier). La période printemps-été 2014 a été marquée par le passage de W. en 5ème Primaire, la naissance de sa petite sœur et l’octroi d’une admission provisoire à la petite famille composée par W., sa mère et le bébé. Mais la vie quotidienne à trois dans une seule pièce infestée de punaises rend les efforts scolaires de W. et son développement en tant qu’enfant particulièrement difficiles.

Plusieurs centaines de requérants d’asile aux statuts divers vivent aux Tattes – personnes en procédure d’asile fraîchement arrivées ou non, personnes déboutées ou au contraire au bénéfice d’une forme de protection… C’est là qu’est survenu le 17 novembre 2014 le tragique incendie ayant laissé un mort, des blessés graves et plusieurs habitants traumatisés (voir notre brève du 19.11.14).

Le témoignage que nous relayons aujourd’hui est basé en large partie sur les observations de la tutrice de W. de l’association Reliance (cf. Françoise Joliat, Reliance. Tisser des liens entre les enfants, la famille et l’école).

Cas relatifs

Cas individuel — 16/09/2024

Mineur, il passe plus de 2 mois en détention à l’aéroport sous la menace d’un renvoi

Né en 2006, Hatim* fuit l’Irak en raison de persécutions. Il arrive en Suisse en avril 2024, à l’âge de 17 ans. Il dépose une demande d’asile à l’aéroport de Genève le 22 avril 2024 auprès du Service asile et rapatriement aéroport (SARA). L’entrée en Suisse lui est refusée et il est assigné à la zone de transit de l’aéroport durant le temps de traitement de sa demande d’asile. Celle-ci est rejetée au début du mois de mai. N’ayant pas accès un mandataire, Hatim dépose un recours en nom propre, lequel est également rejeté à la fin du même mois. Durant tout le temps de la procédure, Hatim reste détenu dans la zone de transit de l’aéroport sans droit de sortie ni accès à des services de base (santé, formation, etc.) alors qu’il est mineur. Début juin, sa nouvelle mandataire dépose une plainte auprès du Comité des droits de l’enfant des Nations-Unies, dénonçant la décision de son renvoi vers l’Irak ainsi que sa détention à l’aéroport, dont les conditions de vie violent les art. 3 et art. 31 CDE. Des mesures superprovisionnelles ordonnant la suspension de son renvoi sont finalement prononcées et Hatim* est attribué fin juin au canton de Genève, avec un permis N (procédure d’asile en cours).
Cas individuel — 20/12/2011

Une rescapée de Srebrenica est renvoyée
malgré de graves problèmes psychiques

« Halida », rescapée du massacre de Srebrenica, demande l’asile en Suisse en 2000 alors qu'elle a à peine 18 ans. 11 ans plus tard, malgré ses troubles psychiques et la naissance d'un bébé, l’ODM puis le TAF vont prononcer son renvoi (et celui de son nouveau-né) vers la Bosnie. Elle n'y a pourtant quasiment plus de repères ni de réseau familial ou social.