La CNPT publie un rapport au sujet des renvois sous contrainte

06.09.2022, Suisse – Un communiqué de la Commission nationale de prévention de la torture (CNPT) annonce la sortie de son dernier rapport (un résumé en français est disponible) au sujet des renvois sous contrainte par voie aérienne. Entre avril et décembre 2021, la CNPT a accompagné trente-trois vols de renvoi sous contrainte (niveau d’exécution 4) et huit cas de prise en charge et conduite à l’aéroport pour des renvois sur des vols de ligne (niveaux d’exécution 2 et 3).

Au cours de ces accompagnements, il a été constaté un recours trop fréquent aux entraves partielles pendant le transport et à l’aéroport même lorsque la situation ne l’exige pas. La CNPT encourage à s’abstenir de recourir à des mesures de contrainte à l’encontre de parents en présence des enfants, un traitement qu’elle regrette d’avoir encore observé. La Commission dénonce avoir constaté une pratique «dégradante et inhumaine» infligée à une mère enceinte, obligée d’allaiter alors qu’elle était menottée (en présence de ses enfants).

La CNPT a également effectué un bilan à la suite de l’examen de 17 tests de dépistage du COVID-19 réalisés sous contrainte depuis l’entrée en vigueur de l’art. 72 LEI (malgré les dénonciations de nombreux médecins opposés à une telle pratique, voir: prise de position). Résolument, la CNPT se prononce contre le recours à ces tests.

Sources: rapport de la CNPT, «CNPT: rapport relatif au contrôle des renvois sous contrainte par la voie aérienne», 06.09.2022 ; prise de position du comité d’experts Retour et exécution des renvois sur le rapport de la CNPT, 15.08.2022 ; asile.ch, «SOSF | Rapport CNPT: témoignages de la violence», 13.10.2022.

Voir également: asile.ch, «Soignant∙es et tests Covid-19 sous la contrainte : éthique et dignité», 07.04.2022. 

Cas relatifs

Cas individuel — 01/01/2024

Harcelée en Croatie, une famille est menacée d’y être renvoyée

En 2019, Romina* et Khaleel* quittent l’Afghanistan avec leur fille (Emna*), encore mineure et leurs trois fils majeurs. Ils demandent l’asile en Suisse en octobre 2020, après être passé∙es par la Croatie. La famille raconte avoir tenté de passer la frontière entre la Bosnie et la Croatie à plus de 15 reprises, avoir été arrêté∙es par les autorités croates puis maltraité·es, volé·es, déshabillé·es et frappé·es. En février 2020, le SEM rend une décision NEM Dublin. Le mandataire d’Ehsan* et Noura* dépose un recours au TAF contre la décision du SEM. En avril 2021, le SEM annule sa décision de NEM Dublin pour le second fils et sa famille, qui reçoivent une admission provisoire. En juillet 2021, le TAF prononce les arrêts qui rejettent respectivement les recours de Moussa*, de Ehsan* et Noura* et de Romina* et Khaleel*.
Cas individuel — 22/12/2022

Débouté à deux reprises malgré des agressions homophobes attestées en Ukraine

Témoignage – Emir* quitte l’Ukraine en 2020 suite à des persécutions liées à son orientation sexuelle. En Suisse, sa demande d’asile est refusée par le SEM et son recours rejeté par le TAF. Il repart en Ukraine, où il subit de nouvelles violences. Revenu en Suisse, sa demande d’asile essuie le même refus des autorités.
Cas individuel — 05/11/2012

Un réfugié reconnu passe sept mois
en détention administrative

« Beasrat » demande l’asile en Suisse après avoir vécu dans des conditions d’extrême précarité en Italie, malgré la reconnaissance de sa qualité de réfugié. Refusant d’y retourner, il passe sept mois en détention administrative, non sans séquelles sur sa santé psychique.
Cas individuel — 12/07/2011

Un geste désespéré qui aurait pu être évité

« Ribkha », jeune femme érythréenne de 21 ans, demande l’asile en Suisse. Elle est renvoyée en Italie (renvoi Dublin). Sans aucun moyen de subsistance dans ce pays, elle revient en Suisse. Parfaitement informées de sa fragilité psychique, les autorités suisses décident de la renvoyer à nouveau. Au moment où arrive la police, « Ribkha » saute depuis le balcon du 3ème étage.