Incendie de Moria : la réponse de la Suisse critiquée

Dans la nuit du 8 au 9 septembre, un incendie dans le camp de Moria laisse sans ressource plus de 12’700 personnes, dont 4’000 enfants. Seuls 400 mineur·e·s non accompagné·e·s sont évacué·e·s de l’île de Lesbos, puis pris en charge par une dizaine de pays européens. Dans un communiqué, la Suisse annonce se montrer solidaire avec la Grèce, en fournissant une aide sur place. Elle indique aussi vouloir accueillir une vingtaine des 400 mineur·e·s non accompagné·e·s en provenance de Moria.

Plusieurs ONG, notamment l’OSAR et Amnesty International, soulèvent l’insuffisance de cet acte de solidarité et plaident pour un accueil beaucoup plus conséquent, au vu du nombre de personnes touchées. Différentes villes et communes se joignent aussi aux critiques, se disent prêtes à accueillir des réfugié·e·s venant de Moria et appellent à davantage de solidarité. Le 30 septembre, la Suisse annonce cependant la fin de son intervention d’urgence sur l’île de Lesbos.

Dans son communiqué, l’OSAR rappelle que la Suisse, en tant que membre du Règlement Dublin, a une part de responsabilité dans les événements survenus, et que le Conseil fédéral a juridiquement la possibilité de décider d’un accueil plus large. Rappelons ici que plusieurs personnes qui se trouvaient à Moria au moment de l’incendie bénéficiaient d’un droit à rejoindre de la famille en Suisse. C’est le cas de la femme et la fille de Rachid*, titulaire d’une admission provisoire en Suisse, dont l’ODAE romand décrivait la situation dans un cas publié le jour même de l’incendie. Nous y soulevions la question de savoir si le regroupement des personnes pour lesquelles la responsabilité de la protection revient à la Suisse ne pouvait pas être accéléré et facilité. Une interrogation que la situation dramatique en Grèce rend de plus en plus urgente.

Sources : AFP/ATS, « L’aide d’urgence s’organise après les incendies du camp de Moria, sur l’île de Lesbos », Le Temps, 10.09.2020 ; AFP/ATS, « Dix pays européens, dont la Suisse, vont prendre en charge 400 migrants mineurs du camp incendié de Moria », Le Temps, 11.09.2020 ; DFAE, « Lesbos : la Suisse fournit une aide sur place et participe à l’accueil de mineurs non accompagnés », communiqué, 11.09.2020 ; Organisation suisse d’aide aux réfugiés, « Il faut immédiatement évacuer les réfugiés de Lesbos ! », 11.09.2020 ; Amnesty International, « Le geste humanitaire du Conseil fédéral reste insuffisant », communiqué, 11.09.2020 ; DFAE « La Suisse termine son opération d’aide d’urgence à Lesbos », communiqué, 30.09.2020 ; Julie Jeannet, « Neuchâtel demande à Berne d’accueillir plus de réfugiés de Moria », Le Courrier, 30.09.2020 ; ODAE romand, « Réunification familiale depuis la Grèce : le SEM fait preuve d’une rigidité excessive au détriment de l’intérêt supérieur de l’enfant », cas 360, 09.09.2020 ; Sophie Malka, « Grèce : Soutien des villes suisses à l’accueil de réfugiés. Argumentaire juridique et pétition », asile.ch, 25.09.2020.

Cas relatifs

Cas individuel — 29/10/2025

Handicapé et sous curatelle, il bataille durant deux ans pour obtenir l’aide sociale

Omar*, ressortissant libanais atteint de handicap mental, arrive en Suisse en 2015, à l’âge de 46 ans, pour y rejoindre sa sœur, Maya*. Celle-ci, ressortissante suissesse, a été désignée comme sa curatrice et prend financièrement en charge les besoins de son frère. En 2021, elle se retrouve à l’assurance invalidité (AI) à la suite de problèmes de santé et, ne parvenant plus à assumer l’entretien de son frère, elle dépose une demande d’aide sociale pour ce dernier. Les autorités cantonales refusent. Saisi par recours, le Tribunal cantonal donne raison à Maya* et Omar* et ordonne l’octroi de l’aide sociale en faveur de ce dernier.
Cas individuel — 10/09/2024

Un couple avec enfant doit se battre pour se voir reconnaître son droit au mariage et au regroupement familial

Kayden* est originaire d’Angola et arrive en Suisse à l’âge de 5 ans. Jusqu’en 2015, il bénéficie d’un permis B, qu’il perd en 2016 suite à plusieurs infractions pénales. Kayden* a un fils né en 2014. Il se met en ménage avec Valérie, ressortissante suisse. En 2021, Valérie* est enceinte et le couple fait une demande d’autorisation de séjour pour Kayden* en vue de leur mariage, mais le Service de la population du canton de Fribourg (SPoMI) refuse la demande et prononce le renvoi de Suisse. La décision est motivée par le fait que Kayden* a transgressé à plusieurs reprises la loi, que son intégration économique serait un échec et que sa relation avec son fils se limiterait à l’exercice d’un droit de visite. Kayden* dépose un recours contre cette décision au près du Tribunal cantonal (TC). Le couple devra attendre jusqu’en octobre 2022 pour que le TC admette le recours de Kayden*. Le TC reconnait que rien ne permet de douter des intentions matrimoniales des fiancé·es et qu’un renvoi en Angola priverait les enfants du lien avec leur père. Il considère en outre qu’il serait disproportionné d’exiger le retour du recourant en Angola, pays qu’il a quitté à l’âge de cinq ans et qu’il ne connait pas, pour revenir en Suisse une fois le mariage conclu. Le TC annule donc la décision du SPoMI et l’invite à délivrer à Kayden* une autorisation de séjour en vue du mariage.
Cas individuel — 01/01/2024

Harcelée en Croatie, une famille est menacée d’y être renvoyée

En 2019, Romina* et Khaleel* quittent l’Afghanistan avec leur fille (Emna*), encore mineure et leurs trois fils majeurs. Ils demandent l’asile en Suisse en octobre 2020, après être passé∙es par la Croatie. La famille raconte avoir tenté de passer la frontière entre la Bosnie et la Croatie à plus de 15 reprises, avoir été arrêté∙es par les autorités croates puis maltraité·es, volé·es, déshabillé·es et frappé·es. En février 2020, le SEM rend une décision NEM Dublin. Le mandataire d’Ehsan* et Noura* dépose un recours au TAF contre la décision du SEM. En avril 2021, le SEM annule sa décision de NEM Dublin pour le second fils et sa famille, qui reçoivent une admission provisoire. En juillet 2021, le TAF prononce les arrêts qui rejettent respectivement les recours de Moussa*, de Ehsan* et Noura* et de Romina* et Khaleel*.
Cas individuel — 24/02/2017

Le regroupement familial d’un couple avec enfant est entravé sans justes motifs

Après son mariage au Portugal avec « Carina », ressortissante portugaise, « Edon », de nationalité kosovare, demande le regroupement familial pour rester avec son épouse et leur futur enfant en Suisse. En plus d’un délai de traitement de dossier excessivement long, le SPoMi lui octroie un permis de séjour soumis à des conditions non prévues par l’ALCP.